Tuesday, April 8, 2014

AYO! MEMILIH 9 APRIL 2014


Ok. Là je dois faire un article de toute urgence parce que demain, le 9 Avril 2014, ce sont 
les élections législatives en Indonésie.

Un petit topo s'impose.




Depuis que je suis arrivée à Jakarta, j'ai pu savourer oh combien la ville a été recouverte de milliards de drapeaux, d'affiches, de banderoles avec des tas de candidats hyper photoshopés, souvent très mal d'ailleurs. Impossible de pas comprendre ce qui se passe du coup j’interrogeais tous mes chauffeurs de taxis, membre de communautés isolée, étudiants, boss, amis, riders d'ojek etc:


A chaque fois:

-"Kamu mau pemiluh di April?" - Tu veux voter en Avril? 
-"Oh, Tiidaaak!"- mouvement de la main & tête, peu importe que tu sois en taxi, ojek, avion, vélo. 

Ok. 

-"Ayo, bisa vote putih kalau tidak suka kandidat!" va voter blanc au moins!
-"Tidak"

ok...

-"Kenapa?" pourquoi!
- "Semuanya korupsi" - all of it / of all them are corrupted.

Bon. 


Mes amis ont gentillement été un peu plus amples dans leurs explications:

"The government doesn't do anything for us! They all do their business, but it doesn't affect us anyway, so why bother to vote?"


Venant du pays de la révolution et de la grève, autant de défaitisme me brisait littéralement le coeur. 
J'ai essayé d'interroger un peu tout le monde pour comprend le schmilblick quoi qu'ils en pensent, mais la mission n'est pas évidente quand tout le monde est désintéressé; ça m'a mis un certain nombre de tentatives avant de tomber sur une explication claire - merci Ô mon boss, Emil.

Selon ce que j'ai compris:

En Avril, les Indonésiens votent pour les législatives. Ils peuvent choisir une liste parmi des listes de candidats regroupées par partis allant de National Démocratique à parti religieux Musulman.... Selon mon boss, avec beaucoup de cynisme, Si tu n'es pas l'un, tu es l'autre. 


De ce que je vois, lis et comprend, j'en retiens quelques majeurs: 
- PDIP : celui avec un taureau énervé comme logo, dont la figure phare est la fille de l'ancien président Soekarno.
- Gerindra : dont apparemment le leader serait un militaire ayant commis plusieurs atteintes graves aux droits fondamentaux de l'homme, normal
- Golkar : Hallucinant celui là: Parti militaire à la base, instrument du parti de Soeharto -vous savez, le dictateur- Lors de mon dernier voyage en Indonésie, un des leaders du parti étant propriétaire d'importantes compagnies Indonésiennes dont une minière, un énorme scandale avait explosé: une de ses compagnies avait perforé une poche de boue, provoquant l'inondation et la destruction de plusieurs milliers de foyers, et cela en touuuute impunité, bien entendu.
- PAN, "parti du mandat national", un des principaux partis musulmans (lui je le connais surtout de part ses affiches classées number one du fail photoshop)

Bref je vais pas les faire tous, ça prendrait un temps fou. 
( Allez là si vous voulez: Wikipage Partis Indonésiens )

Et là, la semaine dernière c'est un article du Jakarta  Post qui ma permit de mesurer la situation. Parmi les candidats qui se présentent, un tout petit minuscule 0,5% des candidats peut être classé comme "clean politician". C'est à dire que seulement 97 candidats sur plus de 200 000 n'ont pas d’antécédents en termes de corruption (et seulement cette portion là aurait les compétences nécessaires selon l'article). Nice




Après avoir élu une liste, les partis qui auront plus de 20% des voix pourront présenter un candidat aux élections présidentielles en Juillet. Apparemment le coco qui aurait le plus de chances de gagner jusque là serait le fameux Jokowi, (Parti PDIP, le taureau!) Il fait un peu l'effet Obama, avec des campagnes plutôt groovy, épurées, il porte des chemises à carreau et sourit tout le temps. 


Enfin, on en est pas là de toutes les façons.

Ah je voulais aussi partager avec vous un peu d'info sur comment on fait une campagne législative ici:



Bon, je taquine. Je m'en tiens à ce que j'ai vu, or je suis pas là depuis longtemps. Mais tout de même, ça m'a amusé de voir qu'ici, on fait campagne lors d'énorme rassemblements qui ressemblent à de gros festivals assez intenses: La foule vêtue de la tête au pieds avec la couleur du parti, Danseuses, sound system de folie, arrangage de foule, drapeaux par milliers... Je vous invite à taper Indonesian Election Campaign dans google Image. 
Et quand j'ai demandé à ce qu'on me traduise les discours, mes boss m'ont dit qu'ils criaient juste "votez pour nous". Pas de programme? Pas de programme. Ou alors toujours le même programme "Nous on va lutter contre la corruption", "nous on va mettre fin à la pauvreté", "nous on sera transparent". Ok... Wait and see.


Quand on y pense, les élections et la mobilisation démocratique, ce sont des choses plutôt récentes en Indonésie. Baby democracy. 
Non seulement l'Etat tel quel n'existe que depuis 1945, mais en plus il a connu une période de répression violente durant les 30 années de régime militaire sous Suharto. Répressions sanglantes contre les musulmans et les communistes Regardez The Act Of Killing, by the way!, les étudiants qui se mobilisent, corruption de l'espace, élections maintenues mais il y a qu'un parti qui peut se présenter - dictature en gros

Alors moi j'observe tout ça avec mes yeux de jeune étrangère un peu aliénée; Ce que je constate c'est que personne autours de moi ne va aller voter demain,  j'aurai bien été avec quelqu'un... et depuis notre petit poste de télé allumé H24 dans notre petit bureau, tout ce que je vois en boucle (Je ne vous ment pas) pendant la pause déjeuner, mis à part deux pauvres pub pour Mc Do, et des flash info qui répètent exclusivement en boucle que demain ce sont les élections, il y a UNIQUEMENT des pubs pour inciter les gens à voter. Uniquement. Et elles ressemblent vaguement aux annonces de sécurité dans les avions: 

Mettez votre bulletin de vote dans l'étuis comme ceci; en cas de foule (sic) laissez passer les femmes et les enfants d'abord; n'oubliez pas de tremper votre doigt dans l'encre avant de sortir, nous vous remercions d'avoir voyagé avec Air Pencasila.

Je vais vous montrer, je n'exagère rien. Voici une des quelques pub. Elle est passée 6 fois le temps que j'avale mon Soto Ayam et mes Krupuk. (No joke.)




Ce que je trouve intéressant, c'est que ces vidéos doivent encore expliquer la procédure de vote (Comment choisir, percer le bulletin avec l'épingle là ou il faut, glisser l’enveloppe, tremper son petit doigt dans de l'encre pour prouver qu'on a voté...) Comme si c'était encore inconnu... c'est intéressant parce que beaucoup de personnes que j'ai interrogé m'ont dit qu'elles n'iraient pas voter parce qu'ils/ elles ne savaient pas pour qui ni comment voter.

 C'est vraiment captivant d'être ici pour voir tout ça et analyser tout ce que ça veut dire sur la société et son évolution. 

Du coup, demain c'est un jour de "liburan" (Vacances) pour inciter les gens à voter. Avec un peu de chance je trouverai mon chemin jusqu'à un bureau pour vous montrer (si ça se passe dans un bureau, hehe)

BRACE YOURSELF
#

Donc... conclusion de la journée d’élection: ça se passe un peu partout, en plein air souventpersonnellement j'ai pu voir des élections sur un terrain de basket près de chez moi. Ça se passait dans le vent et les feuilles volaient un peu partout, sinon c'était tranquille, relax, il n'y avait pas beaucoup de monde, les gens perçaient les bulletins d'un clou puis trempaient leur auriculaire dans de l'encre de Chine, pour prouver qu'ils aient voté pendant le reste de la semaine. J'ai aussi appris qu'avec cette preuve, ils avaient droit à une boisson gratuite à StarBucks. 
Normal

PREMIERS ARTICLES SUR LES RÉSULTATS:

Le NYTimes nous parle du PDIP majoritaire! 
On vous l'avais dit, PDIP!

Malheureusement, les premiers articles sur les scandales commencent eux-aussi:

Dodgy Mony & Vote Buying?


Friday, February 21, 2014

Vendredi ou les limbes du Muezzin



Mise en contexte de l’article: nuit blanche, orage et insomnie. D’où le ton légèrement impatient. Désolée pour ça. Avec du recul, on en rigole. Vous me direz ce que vous en pensez avec la vidéo. 

Vendredi, ou le jour où tu ne peux pas échapper aux muezzins. Ca commence à 4h, doucement et tranquillement. De toutes parts de la ville émanent des ululements vaporeux, qui s’intensifient au fur et à mesure que toutes les mosquées de la ville s’éveillent. Alors à ce moment précis, on pourrait presque croire que l’atmosphère est tout entièrement saturée d’un souffle mystérieux et mystique.  C’est assez saisissant comme expérience. Un peu transcendant si on est de bonne humeur. Imaginez en plus de cela une ambiance un peu mystérieuse avec le léger brouillard de l’aube, la lueur sombre, orangée à cause de la pollution, à travers laquelle on distingue la cime des arbres noirs et quelques lumières d’immeubles. Sans cesser, ça accompagne le levé du soleil puis le réveil de la ville toute entière. Tout ça, on s’y fait doucement, on finit par ne plus se réveiller toutes les deux heures, voire même, on commence à en être bercé.

Toute la journée, différents styles s’enchainent. Des chants, des sermons, des enfants aux voix pré pubères qui s’essayent au microphone.

Par contre, A midi, sans exagérer, on oscille entre rire jaune et arrachage de cheveux. Je n’avais pas connu ça il y a deux ans, mais là… j’ai découvert des muezzins complètement excités. Imaginez un commentateur  de foot EXALTE mais avec des intonations de propagande Nazie (pardon pour la comparaison, mais franchement dur de pas passer par là…) Un peu comme si Patrick Timsit (
dans un Indien dans la ville, on est mal on est mal) s’en prenait personnellement à vous du haut d’un minaret. Ce qui est particulièrement étrange, c’est que toute la ville succombe à l’omniscience de ces réprimandassions. Absolument impossible de s’en couper, même mon casque, volume au max avec Bon Iver, Olafur Arnald et Ludovico Einaudi pour rester Zen, ne couvre pas les « appels à la prière » (ou les engueulades, difficile à dire à ce stade)…  L’air en est tout entièrement saturé, presque comme si ça grondait du ciel. Alors même si je ne comprends rien à ses exaltations, je ne peux pas m’empêcher de me sentir pointée du doigt et de réfléchir à mes pêchers comme si ce muezzin ne s’en prenait directement à moi. 

A ce moment là, en bonne française, je ne peux pas m’empêcher de réfléchir à la laïcité de l’espace public et au respect de la pluralité des cultes… tout ça semble légèrement extra-terrestre dans ce contexte. 

Mettre le volume bien fort



(j'aurai adoré vous offrir une vidéo de meilleur qualité. Bientôt  Bientôt j'aurai un appareil photo digne de ce nom.)


Thursday, February 20, 2014

Supersonic Ojek crush

Bon.
 Je m'y prend n'importe comment. J'ai mille choses à raconter mais évidemment, je vais vous parler d'un truc complètement aléatoire et qui plus est: en anglais. C'est venu comme ça en rentrant de ma ballade en mobylette, et les mots tombaient mieux en Anglais. (Pardon Missie et Alain)

Just had SUCH a wonderful evening, wizzing around the small and broken down streets covered with tangled-up trees, zigzagging across the stuck up 4X4 (so long hummers). It felt warm and homy, chatting along in such an approximate Bahasa, learning that the ojek ( moped public transport) driver used to work in a restaurant, discussing about our experiences as waiters (He kept using his hand to speak, you know, the “Italian” gesture when you put your fingers together and brew thin air. He also also seemed like the kind of person keen for an eye contact when chatting, which made the driving a little more intense. We discussed places to visit, Indonesia’s language varieties, marriage and the difference between Indonesians and Europeans in terms of having children and at what age and more stuff. The Italian gesture puncturing every detail. Total heart crumble for this spontaneous exchange.

I’ve got to a point where I read my indonesian methodology and answer to mails on the ojek. It all feels very good. Having the wind blowing and pumping up my blouse, checking out all these shops, trying to remember good places to go to for this and that.  1$dvds, plates and stuff for a FUTURE HOME, woodcarving workshops, durian and jackfruit showcases, cool food or even just good creambath spots, all lined up in this chaotic and almost informal way).

You end-up exchanging thousands of kid-like smiles with your neighbor drivers; you nod with a smile to shop owners who all nod back happily. You witness funny scenes like this kid staring up at a guy preparing his drink like it was Disneyland in a cup, or this guy crouching in the middle of the avenue, and you never understand why; these male heads all poking through this fake building façade, smoking and looking down on the street… twice that I pass them, and both times I never really got what the hell they were doing there, looking so chilled and cozy. Passing all those inflated cats looking stoned and uninterested in the human race. There are kites flying super high above the tin roof houses, hard to believe there are kids hidden in the narrow streets flying them.

Taxis will never do the job again after such an awesome feeling. Not for anything in the world would I get trapped in those ambulant freezers.

Taxis are just deadly boring

(oui effectivement, je suis en rade d'appareil photo. Je tâche de remédier à cela prestement!)




Friday, February 7, 2014

THE RETURN OF THE PADAWAN

Si le jamais-deux-sans-trois existe c'est bien parce qu'un  jamais-un-sans-deux précède.

Il y a deux ans, mes collègues de Yayasan Tambuhak Sinta, m'avaient prévenu "si tu bois l'eau des rivières, l'esprit de Kalimantan s’empare de toi et t'amènera forcement à revenir". Inévitablement, j'ai bu la tasse quelques fois. Qui eut cru que les choses se mettraient en place si tôt et si radicalement inévitablement? Certainement pas moi. J'ai eu comme le sentiment que toutes les pierres se sont placées une à une, toutes seules, sans que je n'ai à fournir le moindre effort, pour former le pont entre Toulouse et Jakarta. Appelez cela la chance, le hasard, le destin, l’envoûtement Dayak, ce que que vous voulez. Quoi qu'il en soit: c'est efficace.


Grace à mon voyage de 2011,  je commence à  distinguer les contours de certaines régularités ressenties avant chacun de mes deux départs... j'ai eu la nette impression de nager dans le tiraillement de l'instant présent déboussolant et de l'avenir impalpable.  Les au-revoir déchirants et jamais suffisants, les innombrables tâches qui me font perdre le Nord à force de psychoter sur les potentiels oublis... J'ai alors tendance à me mettre en mode veille, instinct de protection face à tout ce qui me rend à la fois trop triste et trop heureuse et sur quoi je n'ai pas d'emprise. Les 23 heures de trajet pour aller de Toulouse à Jakarta n'aident pas... rien de tel qu'un vol interminable seule, hublots fermés, pénombre bleutée H24 pour se noyer dans une apesanteur spatio-temporelle et émotionnelle. Je me sentais un peu aliénée jusqu'à ce que je prenne ma première bouffée d'air Indonésienne. 
Je plonge dans une atmosphère dense ou se distinguent clairement les parfums de mousse, de kretek, de terre humide et chaude, comme si la pluie venait de passer. Là je me réveille illico happée par la claque des souvenirs.

Petite mise en bouche des transports folklo avec un petit tour en taxi avec un gentil monsieur qui clairement n'avait aucune idée d'ou on allait mais n'avait pas envie de me mettre mal à l'aise en l'avouant. Après  avoir fait plusieurs allez-retours et pauses pour demander à tous les passants (parce que oui, à une heure du matin, les étroites ruelles de Jakarta grouillent encore de passants.) on trouve bon port. La maison est immense et recouverte de verdure. je suis accueillie par une collègue rayonnante et enjouée. Je me sens engourdie et littéralement à coté de la plaque mais elle me secoue en m’entraînant voir la vue depuis le balcon... je n'en crois pas mes yeux. On est en plein Jakarta et il me semble être plongée en plein coeur de Bornéo: La maison supplante une rivière boueuse et bien agitée (inondations récentes), flanquée non pas d'immeubles mais de ce qui ressemble bien à un morceau de jungle. On se s'entend plus tant les grenouilles s'égosillent. Des bruits intrigants sur le toit annoncent la présence de mammifères de taille non négligeable. En bas, sous le balcon s'étend une piscine "ecofriendly" remplie de poissons... tout ça sent à la fois la vie qui grouille et le calme absolut. Je ne pouvais pas rêver mieux...


La chose la plus importante à avancer: J'ai trouvé un stage absolument dingue et idéal. Du moins pour moi. Forest People Programme, c'est un concentré survitaminé de personnes engagées dans la protection des minorités vivant dans et des forêts un peu partout dans le monde; Des gens qui respirent le génie et  l'humanité et qui débordent d'énergie positive. Je suis assez intimidée par qui ils sont et par ce qu'ils entreprennent: avec une poignée de contributeurs, ils publient une tonne de rapports sur les droits des minorités, sur l'état des responsabilités sociales et environnementales d'entreprises (surtout celles produisant de l'huile de palme), organisent des formations pour booster l'application des droits indigènes et tiennent des colloques, des tables rondes pour rassembler les acteurs locaux et internationaux pour faire avancer le Schmilblick. Leur objectif principal: Assurer l'autodétermination des minorités, assurer la reconnaissance et la mise en oeuvre de leurs droits tant auprès des entreprises que des gouvernements.  Et ce n'est pas de la tarte.

Clairement ça demande une patience inépuisable, beaucoup d'énergie et une foi d'acier en leur objectif. Ils disent faire partie du "movement", une mouvance altruiste, activiste, globale qui réunirait tous les acteurs engagés pour un monde plus juste et plus respectueux des minorités. Adopteeez moiiii s'il vous plaiiiit.


Il me reste plus qu'à maîtriser l'indonésien couramment, éplucher scrupuleusement tous les rapports qu'on m'a mis entre les mains, me donner un max au travail, trouver un ptit appart à moi, et profiter à fond.
Donc en gros, 5 mois qui s'annoncent plutôt pas mal du tout. 




Petite "mindblowing" et "breath-taking" vue de la maison on je loge temporairement.

Subḥana'llāh






Saturday, December 10, 2011

Transports Publics

Ou comment revoir la notion d'espace personnel ...
Je vous ai déjà raconté combien j'ai été surprise au tout début de mon séjour par le nombre de personnes pouvant s'entasser dans un angkot. Ce n'est pas tout. Depuis, j'ai pris un malin plaisir à prendre les moyens de transports représentant un challenge. Par exemple, pour un voyage de 5 heures, prendre le bus non climatisé ou tu as 50 cm cubes pour t'asseoir, ou le chauffeur n'arrête pas de faire monter les passagers, même si on est déjà tellement entassés qu'on envisage l'espace au dessus des sièges, et que le bus recule et fait un bruit de 30 vespas pas contents dans les cotes. Il y a tellement de passagers que le type chargé des tickets marche à coté du bus (sans problème vu les embouteillages.) Dans ce même bus ou il est permis de fumer, les coudes de mes voisins de droite et gauche se rencontrent à mon nombril et le sac a dos d'un des pauvres mecs qui doivent rester debout me rentre en plein visage. Pendant les 5 heures de voyage. Ce genre d'expérience est devenu une habitude... Dans ces moments, je bénis le cadeau de Sarah Mitraillette. Elle reconnaîtra. 

Une autre situation m'a fait particulièrement rire. Seule sur mon siège à essayer de m'endormir en attendant le départ du bus, je sens tout d'un coup quelqu'un poser quelque chose sur mon ventre. J'ouvre les yeux et me retrouve nez à nez avec une boite de donuts... perplexe j'examine la situation, un type chargé d'énormes cabas  remplis de donuts essaye de les vendre au passagers. Il a du se dire que les avoir directement sur moi m'inciterai d'avantage.... Je me rendors et le laisse les récupérer. Les dix minutes qui ont précédées le départ du bus, je me suis successivement retrouvée avec des tongs, des magazines, des fruits et des gâteaux déposées sur mon ventre, à un tel point que je n'ouvrais même plus les yeux quand quelqu'un posait quelque chose sur moi. J'avais sacrément envie de rire.

Ou alors au quotidien, se retrouver immortalisée à son insu dans les portables de chacun des conducteurs.
 Quand ça vous arrive en France vous me prévenez.
 Ça va faire bizarre à mon retours tiens. 


( D'autres expériences à venir, comptez sur moi.)

Tuesday, November 29, 2011

- KALIMANTAN - ²

Along the River

Se faufiler dans la jungle, avec Olivia, une jeune Anglaise super chouette. On ne pouvait pas se sentir plus amatrices. Dans mon sac, un dictionnaire Indonésien-Anglais, et dans ma tête, des phrases pré-enregistrées avec un accent approximatif:
"Saya mau melihat orangutan" - moi veux voir orangs-outans!
"dalam perahu"- Dans bateau
"Kamu penunjuk jalan?" - toi guide
"Mahal baniak!(s’entraîner à dire ça avec du rire dans la voix, ça passe super bien) - beaucoup cher!
D'autant plus amatrice qu'on ne savait absolument pas ou l'on allait, mais on nous avait dit " tout droit puis la première à droite jusqu'au bout" - dans la jungle- Mais on s'est avancé et là, pour le coup, la jungle perd toute sa légitimité lorsque tu réalises que tu peux véritablement y appliquer le "tout droit puis première à droite".

On arrive aux berges, je fait semblant de maîtriser le jargon, Pak Suryadi n'y voit que du feu, je suis toute fière et on monte dans la barque. (je suis en train de rigoler en regardant mon dictionnaire, parce que j'ai surligné le mot "sol", je pense que je m'attendais à tout.) 
En effet il fallait s'attendre à tout. On quitte la berge difficilement, la barque s'enfonce à ras bord dans l'eau, Olivia et moi rions, joyeusement inquiètes. Ébahies par le paysages on ne sait plus ou regarder, je me retourne pour partager mon enthousiasme avec Pak Suryadi, et le prend en flagrant délit en train d'écoper à l'arrière de la barque:
       "Is there a hole in the boat??!" 
       "yah yaah yaah!!!"
 Il a l'air tellement heureux que l'on ne peut que l'accompagner dans son rire.

A partir de là, on étais amis. C'est comme ça ici. D'ailleurs il n'a pas arrêté de rire tout le voyage.

Revenons aux Orangs-outans. Le suspens à duré environs 20 minutes. On en avait mal aux yeux de scanner la verdure (époustouflante, certes, mais on voulait voir orange nous.) ET LA, après un tournant, comme par hasard, juste LA, à moins deux mètres de nous, sur la rive, un énorme Orang-Outan nous dévisage. J'étais tellement surprise que je n'ai dégainé mon appareil photo que 5 minutes après (excusez moi de ne pas avoir pu immortalisé cela). Il était là, suspendu d'un bras interminable à planer au dessus de l'eau. Je me sentais tellement envahissante sous son regard tranquille. On se sent soudainement ridicule, les bêtes curieuses, c'étaient nous. 
Orang Utan veut dire personne de la forêt en indonésien. Effectivement...


Après avoir demandé à Pak Suryadi de faire demi tour encore et encore, comme des gamines, afin de rester plus longtemps avec eux, on se laisse doucement emporter par le courant, pour enfin pouvoir se concentrer sur ce qui nous entoure:


Evidemment, les nuages baignent dans la fameuse magie que je découvrais sur l'île. 


Au retour au village, Pak Suryadi nous invite à rencontrer sa famille. On s'installe donc sur le porche de sa maison bancale sur pilotis, Olivia et moi serions bien restées mais on pense au chemin peu commode qui nous ramène chez nous et au fait que l'on a pas de lampe de poche. Pak Suryadi et sa fille nous invitent à revenir nous baigner avec eux à la prochaine occasion. On lui demande, juste pour information,quels sont les animaux qui vivent dans la rivière, il nous répond quelque chose qui nous laisse toutes les deux perplexes: "Only playboy". ...
Dernière photos avant de partir
Pak Suryadi a la même enregistré dans son portable.



Sur le chemin du retour, la pénombre de la jungle fourmillait de lucioles.
Meilleur lampe de poche que ça, tu meurs. 

Wednesday, November 23, 2011

- KALIMANTAN -


Survoler la jungle. Véritablement survoler la jungle. S'imaginer toute la vie qu'elle contient, se sentir minuscule et légèrement coupable de débarquer en avion sur le territoire de mère nature. C'est majestueusement grand, et encore trop petit, même si je n'arrive pas à en voir le bout. Mon coeur se pince à la vue des parcelles noircies, et au tracé urbain gris-ocre qui ronge le vert émeraude. 
On m'attend à l'aéroport, je ne sais pas à quoi ressemble mon hôte, je crois que lui non plus, mais je suis la seule blanche (et la seule crinière bouclée) à descendre les marches de l'avion, ça ne devrait pas être sorcier. En effet, une fois mon énorme sac à dos récupéré, j'entends mon nom quelque part dans la foule et un tout petit monsieur ayant l'air tout gentil accoure, brandissant une photocopie de mon passeport, qu'il martèle du doigt. 
Le paysage semble se répéter encore et encore alors que l'on s'avance vers Suka Mulia, le village ou est implantée l'asso: des buissons à perte de vue, qui bordent la longue et unique route. On ne croise qu'une mobylette de temps en temps, j'hallucine devant ce vide après avoir passé deux mois dans la fièvre de Jakarta. J'ai l'impression de découvrir une île fantôme. Il est 17h et il fait déjà nuit. On passe quelques warungs: planches taule et toile qui abritent magasins, ateliers et restaurants improvisés au bord de la route. Les quelques maisons que l'on passe sont toutes sur pilotis, toutes minuscules et colorées tels des polipockets.   
Les gens qui se promènent ou qui squattent près des warungs sont tous en pyjama... 

Je suis logée chez des amis. Merveilleuse et incroyable maison, à laquelle on accède par un ponton qui traverse la marre flanquée de deux fontaines et la piscine. (Oui, je vous le fait pas dire, c'est le rêve.) La maison est toute de bois, Dayak style ( La culture Dayak plus en détail plus bas, ou haut, je ne sais pas dans quel sens vous êtes...). Des plantes partout, des chaises longues et hamacs, génial, génial. Il fait nuit, donc je n'arrive pas à voir ce qui nous entoure. Et là...Dans ma chambre, pour me souhaiter la bienvenue...




Vers trois heures du matin, un vacarme incroyable me pousse hors du lit... La jungle se réveille. Je distingue à peine les insectes des oiseaux. La lumière douce et pastel découpe a merveille les arbres gigantesques. Je n'ai même pas sommeil.
 Dans mon jardin, la jungle....


***
Un petit tour de l'île:

Pour ma première semaine à Kalimantan, j'ai la chance de faire la rencontre de Nellie, une bénévole Australienne super motivée pour que l'on croque la vie à pleines dents. Le premier jour, à peine sorties du boulot, on enfourche sa mobylette et on bourdonne à travers les villages minuscules. Sentiment de liberté extrême, le vent humide qui me fouette le visage, la verdure sans fin et le ciel bleu. 









Le long de la rivière Rungan, des villages sur pilotis, des barques telles des mouches, et puis la jungle. Je vois des enfants plonger, des familles se doucher dans l'eau ocre... J'ai un drôle de sourire inconfortable , dans ma tête raisonne ce que j'ai entendu à Jakarta: l'eau est pleine de mercure rejetée par les chercheurs d'or... sentiment d'injustice et d'impuissance...   








Promenade et escalade du Bukit

4 mobylettes en vadrouille plus tard, je me laisse guider par des amis jusqu'au sommet d'une des deux seules collines de la région. Deux énormes bosses côte à côte, élevées là au milieu de nulle part, tel Stonehenge. La colline est sacrée, ce qui ne m'étonne pas: à ce que je viens de vous raconter s'ajoutent des pierres gigantesques en forme de grain de café qui semblent garder le sentiers. On m'explique la tradition à respecter, concernant les Djinns qui habitent la colline, j'applique les consignes. 


Arrivée au sommet, je me laisse enivrer par l'étendue et la rotondité de la terre


Après la descente synchronisée avec celle du soleil, je ne peux que conclure que j'aime cette île.
J'aime sa simplicité qui cache habilement une profondeur surprenante.