Tuesday, November 29, 2011

- KALIMANTAN - ²

Along the River

Se faufiler dans la jungle, avec Olivia, une jeune Anglaise super chouette. On ne pouvait pas se sentir plus amatrices. Dans mon sac, un dictionnaire Indonésien-Anglais, et dans ma tête, des phrases pré-enregistrées avec un accent approximatif:
"Saya mau melihat orangutan" - moi veux voir orangs-outans!
"dalam perahu"- Dans bateau
"Kamu penunjuk jalan?" - toi guide
"Mahal baniak!(s’entraîner à dire ça avec du rire dans la voix, ça passe super bien) - beaucoup cher!
D'autant plus amatrice qu'on ne savait absolument pas ou l'on allait, mais on nous avait dit " tout droit puis la première à droite jusqu'au bout" - dans la jungle- Mais on s'est avancé et là, pour le coup, la jungle perd toute sa légitimité lorsque tu réalises que tu peux véritablement y appliquer le "tout droit puis première à droite".

On arrive aux berges, je fait semblant de maîtriser le jargon, Pak Suryadi n'y voit que du feu, je suis toute fière et on monte dans la barque. (je suis en train de rigoler en regardant mon dictionnaire, parce que j'ai surligné le mot "sol", je pense que je m'attendais à tout.) 
En effet il fallait s'attendre à tout. On quitte la berge difficilement, la barque s'enfonce à ras bord dans l'eau, Olivia et moi rions, joyeusement inquiètes. Ébahies par le paysages on ne sait plus ou regarder, je me retourne pour partager mon enthousiasme avec Pak Suryadi, et le prend en flagrant délit en train d'écoper à l'arrière de la barque:
       "Is there a hole in the boat??!" 
       "yah yaah yaah!!!"
 Il a l'air tellement heureux que l'on ne peut que l'accompagner dans son rire.

A partir de là, on étais amis. C'est comme ça ici. D'ailleurs il n'a pas arrêté de rire tout le voyage.

Revenons aux Orangs-outans. Le suspens à duré environs 20 minutes. On en avait mal aux yeux de scanner la verdure (époustouflante, certes, mais on voulait voir orange nous.) ET LA, après un tournant, comme par hasard, juste LA, à moins deux mètres de nous, sur la rive, un énorme Orang-Outan nous dévisage. J'étais tellement surprise que je n'ai dégainé mon appareil photo que 5 minutes après (excusez moi de ne pas avoir pu immortalisé cela). Il était là, suspendu d'un bras interminable à planer au dessus de l'eau. Je me sentais tellement envahissante sous son regard tranquille. On se sent soudainement ridicule, les bêtes curieuses, c'étaient nous. 
Orang Utan veut dire personne de la forêt en indonésien. Effectivement...


Après avoir demandé à Pak Suryadi de faire demi tour encore et encore, comme des gamines, afin de rester plus longtemps avec eux, on se laisse doucement emporter par le courant, pour enfin pouvoir se concentrer sur ce qui nous entoure:


Evidemment, les nuages baignent dans la fameuse magie que je découvrais sur l'île. 


Au retour au village, Pak Suryadi nous invite à rencontrer sa famille. On s'installe donc sur le porche de sa maison bancale sur pilotis, Olivia et moi serions bien restées mais on pense au chemin peu commode qui nous ramène chez nous et au fait que l'on a pas de lampe de poche. Pak Suryadi et sa fille nous invitent à revenir nous baigner avec eux à la prochaine occasion. On lui demande, juste pour information,quels sont les animaux qui vivent dans la rivière, il nous répond quelque chose qui nous laisse toutes les deux perplexes: "Only playboy". ...
Dernière photos avant de partir
Pak Suryadi a la même enregistré dans son portable.



Sur le chemin du retour, la pénombre de la jungle fourmillait de lucioles.
Meilleur lampe de poche que ça, tu meurs. 

Wednesday, November 23, 2011

- KALIMANTAN -


Survoler la jungle. Véritablement survoler la jungle. S'imaginer toute la vie qu'elle contient, se sentir minuscule et légèrement coupable de débarquer en avion sur le territoire de mère nature. C'est majestueusement grand, et encore trop petit, même si je n'arrive pas à en voir le bout. Mon coeur se pince à la vue des parcelles noircies, et au tracé urbain gris-ocre qui ronge le vert émeraude. 
On m'attend à l'aéroport, je ne sais pas à quoi ressemble mon hôte, je crois que lui non plus, mais je suis la seule blanche (et la seule crinière bouclée) à descendre les marches de l'avion, ça ne devrait pas être sorcier. En effet, une fois mon énorme sac à dos récupéré, j'entends mon nom quelque part dans la foule et un tout petit monsieur ayant l'air tout gentil accoure, brandissant une photocopie de mon passeport, qu'il martèle du doigt. 
Le paysage semble se répéter encore et encore alors que l'on s'avance vers Suka Mulia, le village ou est implantée l'asso: des buissons à perte de vue, qui bordent la longue et unique route. On ne croise qu'une mobylette de temps en temps, j'hallucine devant ce vide après avoir passé deux mois dans la fièvre de Jakarta. J'ai l'impression de découvrir une île fantôme. Il est 17h et il fait déjà nuit. On passe quelques warungs: planches taule et toile qui abritent magasins, ateliers et restaurants improvisés au bord de la route. Les quelques maisons que l'on passe sont toutes sur pilotis, toutes minuscules et colorées tels des polipockets.   
Les gens qui se promènent ou qui squattent près des warungs sont tous en pyjama... 

Je suis logée chez des amis. Merveilleuse et incroyable maison, à laquelle on accède par un ponton qui traverse la marre flanquée de deux fontaines et la piscine. (Oui, je vous le fait pas dire, c'est le rêve.) La maison est toute de bois, Dayak style ( La culture Dayak plus en détail plus bas, ou haut, je ne sais pas dans quel sens vous êtes...). Des plantes partout, des chaises longues et hamacs, génial, génial. Il fait nuit, donc je n'arrive pas à voir ce qui nous entoure. Et là...Dans ma chambre, pour me souhaiter la bienvenue...




Vers trois heures du matin, un vacarme incroyable me pousse hors du lit... La jungle se réveille. Je distingue à peine les insectes des oiseaux. La lumière douce et pastel découpe a merveille les arbres gigantesques. Je n'ai même pas sommeil.
 Dans mon jardin, la jungle....


***
Un petit tour de l'île:

Pour ma première semaine à Kalimantan, j'ai la chance de faire la rencontre de Nellie, une bénévole Australienne super motivée pour que l'on croque la vie à pleines dents. Le premier jour, à peine sorties du boulot, on enfourche sa mobylette et on bourdonne à travers les villages minuscules. Sentiment de liberté extrême, le vent humide qui me fouette le visage, la verdure sans fin et le ciel bleu. 









Le long de la rivière Rungan, des villages sur pilotis, des barques telles des mouches, et puis la jungle. Je vois des enfants plonger, des familles se doucher dans l'eau ocre... J'ai un drôle de sourire inconfortable , dans ma tête raisonne ce que j'ai entendu à Jakarta: l'eau est pleine de mercure rejetée par les chercheurs d'or... sentiment d'injustice et d'impuissance...   








Promenade et escalade du Bukit

4 mobylettes en vadrouille plus tard, je me laisse guider par des amis jusqu'au sommet d'une des deux seules collines de la région. Deux énormes bosses côte à côte, élevées là au milieu de nulle part, tel Stonehenge. La colline est sacrée, ce qui ne m'étonne pas: à ce que je viens de vous raconter s'ajoutent des pierres gigantesques en forme de grain de café qui semblent garder le sentiers. On m'explique la tradition à respecter, concernant les Djinns qui habitent la colline, j'applique les consignes. 


Arrivée au sommet, je me laisse enivrer par l'étendue et la rotondité de la terre


Après la descente synchronisée avec celle du soleil, je ne peux que conclure que j'aime cette île.
J'aime sa simplicité qui cache habilement une profondeur surprenante.