Le Grand Bleu
Se perdre dans l'immensité
Nori et moi perdues quelque part dans la mer de Java |
Le deuxième jour, levé à 6h pour profiter au maximum de la journée. Petit déjeuner: une pinte de thé jasmin et 4 bananes (Plus une quinzaine d'autre pour le voyage.) Je suis encore embrumée par le sommeil, je me cale à l'avant de la barque et je laisse éclaboussures et secousses se charger de mon réveil.
Une heure de vogue pour atteindre l'île. Je suis troublée par la beauté de la mer. Une étendue saphir taillée brut, à peine moutonneuse. Certaines vagues dignes de la côte basque, on se cramponne. La houle, la houle, à se retrouver parfois suspendues au dessus du bleu immense le temps d'un va et vient. Melani pousse des cris à la Michael Jackson à chaque fois que la barque s’écrase entre deux creux.
Eh! Je ne vous ment pas: J'ai eu le privilège de voir deux poissons volants! (Bon, je croyais que ça n'existait pas. La seule fois ou j'en ai entendu parler, c'était dans Boule et Bill, quand j'avais 9 ans.) La première fois, je n'ai rien dit, j'ai cru qu'il s'agissait d'un martin pêcheur (Hum. On ne sait jamais.). Et puis là, une bestiole turquoise-argentée, flanquée de deux énormes nageoires transparentes jaillit de l'eau, traverse une distance de 8m rasant la surface de l'eau à toute allure avant de s'écraser dans une vague. Merci Boule et Bill (Surement la pire BD au monde) de m'avoir ouvert l'esprit à ce cadeau de la nature.
Bon, revenons aux choses sérieuses. On approche du but: l'eau s'éclaircit. Doux Jésus, j'aperçoit tout un univers 15 mètres sous mes pieds. L'eau est encore sombre mais je distingue les couleurs éclatantes des coraux. On s'approche du ponton, on s'approche, l'eau toujours plus claire. Il y a des bancs de poisson tout autour de nous. Je jubile!
Vite, j'enfile masque et tuba (Une première pour moi, j'ai l'air absolument ridicule mais alors là, couldn't care less!). Rien à faire de l'échelle, je saute! Eau tiède et salée - Rien que ça c'est le bonheur. Le pêcheur jette des miettes de pain dans l'eau. Sur le coup j'ai un drôle de frisson: Imaginez Trafalgar Square à Londres et remplacez les pigeons par des poissons, et vous, vous nagez en plein dedans. Ma respiration est on ne peut plus irrégulière, en plus le tuba est moyennement étanche. J'essaye de gérer tout ça, en plus de l'euphorie totale de baigner en plein rêve éveillé. Je n'ose à peine nager, de peur de dégommer la nuée de poisson qui m'entoure. Il y a ce vide alarmant sous moi, je ne peux pas m'empêcher d'imaginer toutes les créatures louches et dangereuses qui pourraient surgir soudainement. Rapidement, je suis comme aspirée de curiosité vers l'immensité. Je m'éloigne, je m'éloigne, hallucinant devant la beauté qui s'étend sous moi. Je flotte tranquillement, je n'ai presque pas besoin de nager, je suis transportée.
Impossible de décrire.
I feel so small, so free
Je me suis comme perdue. Impossible de me décider à revenir à la barque. Je ne réalise même pas que je temps passe. Je ne sais même pas ou sont les autres. Je suis seule. Avec des créatures curieusement sympathiques. Un petit nuage de poisson me suit tranquillement partout ou j'explore. Moins je bouge, plus les poissons pointent le bout de leur nez. Ils viennent me renifler. Il y en a des drôles, turquoise, mauve et jaune, la bouche en cul de poule. Il y a ceux qui me suivent depuis tout à l'heure, noirs et blancs, Ils déambulent devant mon masque. Je joue avec mes mains autours d'eux. Je ne peux pas m'empêcher de rire. Drôle d'effet dans le tuba. Puis il y a des plus farouches qui restent en profondeur. J'ai envie d'aller plus près des coraux, mais la surface me retiens (le sel surement). Je tends les bras, je m'étire autant que possible pour tâter la surface des énormes coraux semblables à des cervelles de géants. C'est absolument magique.
Tout d'un coup, je me rend compte que je suis cernée par une cinquantaine de poissons, tous extrêmement curieux. Ils se mettent à me becter la peau. Au début je ris, toute fière de la réussite de mon approche. Mais Euh. Une pensée désagréable me frôle: je suis un peu trop seule, et eux un peu trop collants, ça commence à faire bizarre d'être picorée comme ça: je m'empresse de retrouver un peu la civilisation.
Après plus d'une heure de barbote, on finit par aller explorer l'île avec Melani et Nori.
Je finis par m'étaler dans le sable bouillant à manger des bananes. Je ris intérieurement.
Ça c'est du staaage!
Et puis, pour finir la journée en beauté, le pêcheur nous emmène voir des requins!!!!
Je suis au stade ou je lui fais entièrement confiance, après avoir eu confirmation qu'il n'y a aucun risque:
Go go go: j'enfile le masque et le tuba. Melani et Nori préfèrent prendre des photos. Ça par contre ça me rassure moyennement. Première étape: je suis dans l'eau. Ils ondulent autours de moi, pleins de nonchalance. Bon. Tant qu'à faire, je vais nager un peu ( près de l’échelle tout de même. ) Ils sont tous là, lisses et luisants comme du cuir noir. Je n'ose pas nager normalement, je ne sais pas comment un coup de pied dans la face les ferait réagir. J'adore. Je les frôle à peine. Ils me scrutent de coté, leur yeux verts, remplis d'une maigre fente noire. Frisson. Là par contre je me suis moins attardée.
Such a perfect day!
( En revanche, pire coup de soleil de toute ma vie)
je surkiffe ce post bib, le coup du martin pêcheur m'a fait explosé de rire :D
ReplyDeleteJe suis béate d'admiration pour ton courage: partir, seule, au milieu des requins..;je n'aurais jamais osé!!!
ReplyDeleteyou're a great woman
Brianne